Légion d’honneur pour le col officier

À la gloire d’un col qui ne fait rien comme les autres

Dépaysant parfois, souvent intimidant et toujours remarquable, le col officier compte parmi les étrangetés dont seul le vestiaire masculin a le secret. Charmant et singulier, il est en même temps col suprême et anti-col, raison pour laquelle il fascine autant qu’il divise. À ce parangon de finesse et d’humilité, nous consacrons l’article du jour, dont nous vous souhaitons bonne lecture.

La guerre, l’amour

Autrefois dépourvue de col, puisque sous-vêtement, la chemise s’en est dotée au cours du XVème siècle, premièrement sur les épaules des hommes d’église. Du clergé à la noblesse de cour en passant par les intellectuels de la Renaissance, ces cols dépouillés devinrent de plus en plus massifs, passant d’un symbole de pureté à un signe ostentatoire de luxe et de richesse. Ce n’est qu’au 19ème siècle qu’ils feront l’abandon de leurs dentelles, rubans et autres ornements volumineux pour renouer avec la sobriété et la simplicité des premiers temps.

Sans surprise, c’est du côté des militaires que cette austérité atteint son paroxysme. À cette époque, nombre de corps d’armée européens optent pour ce « band collar » (comme disent les anglais) : un pied de col montant dont les bords se superposent et se boutonnent au niveau de la pomme d’Adam, sans le moindre repli. Le col officier, dont vous comprenez désormais le nom, venait de naître.

Col officier et col Mao, bonnet blanc et blanc bonnet ?

Depuis son introduction sur le marché européen, et surtout depuis la polémique déclenchée par le Ministre de la culture Jack Lang en 1985, le col Mao est très régulièrement confondu avec le col officier. S’il est si facile de prendre le premier pour le second (et réciproquement), c’est parce que leur absence de pans les rend sensiblement analogues.

Pourtant, leur montage diffère suffisamment pour en faire deux modèles bien distincts. En fait, la variante principale se découvre sur l’avant : le col officier est fermé par un bouton tandis que le col Mao (ou « col mandarin », de son vrai nom) est ouvert.

Comme vous le voyez, les bords du pied de col s’embrassent sur celui de gauche, alors qu’ils se chevauchent légèrement sur celui de droite. Cette petite nuance apporte une dose de formalisme supplémentaire au col officier, tandis qu’il classe le col Mao du côté des cols décontractés. Pour cette raison, l’un évoluera aisément des tenues les plus chics aux plus casual, alors que l’autre supportera mal les vestes habillées.

Hast et le culte du col officier

Amour de la chemiserie oblige, nous ne pouvions passer à côté de ce col majestueux chez Hast. Aussitôt après avoir interprété les grands classiques à nos débuts (cols français, button-down et semi-cutaway au premier chef), nous avons donc élaboré notre version du col officier, lequel n’a plus quitté nos collections depuis lors. Intemporel et singulier, celui-ci s’est affirmé comme un indispensable du vestiaire masculin, raison pour laquelle nous tenions à lui dérouler le tapis rouge.

Conformément à son histoire et à son évolution, nous l’avons travaillé dans les règles de l’art en cultivant symétriquement son aspect formel et son potentiel décontracté. Sur nos portants, vous trouverez donc :

• le col officier coiffant des chemises habillées. Dans ce contexte, il se révélera au sommet de pièces distinguées, ouvragées en popeline de coton double-retors dans un registre très élégant. Fil d’une grande finesse, tissu souple et soyeux, gorge à la française, poignets biseautés, boutons cousus en croix : tous les codes du formalisme sont réunis pour vous offrir des pièces au comble du raffinement. À condition de les porter sans cravate, vous pourrez associer celles-ci à vos tenues les plus sophistiquées, pour un ensemble mêlant panache et tradition.

• le col officier couronnant des chemises casual. C’est toute la magie de ce col : avec sa bande boutonnée et ses proportions savantes, il peut changer de répertoire avec une facilité déconcertante. S’il était chic et délicat au fronton d’une pièce en popeline, le voilà soudain fringuant et insolite à l’aplomb d’une chemise informelle. Comme à votre habitude, vous reconnaîtrez ces dernières à leur coupe casual, à la richesse de leurs matières (coton biologique, lin, tencel) et à la texture de leur tissage (denim ou flanelle par exemple). De la même façon, vous y découvrirez une palette chromatique plus fournie, éventuellement chinée, trahissant une atmosphère nettement plus détendue.

À porter sans modération

Chez Hast, nous plaidons la cause du col officier depuis 2012. Prêche dans le désert, il aura fallu attendre le succès de la série Peaky Blinders pour le voir fleurir à (presque) tous les cous.

Parallèlement à la renommée de la saga, celle du col officier alla croissante, confirmant qu’il n’était l’apanage ni des militaires, ni des ecclésiastiques. De notre côté, nous nous réjouissons évidemment de ce regain d’intérêt, à nos yeux légitime et justifié. Longtemps objet de défiance, considéré à tort comme difficile à porter, le col officier conquiert aujourd’hui tous les cœurs grâce à sa formidable polyvalence.

Et pour cause, il paraît impossible à prendre en défaut. En toute saison et en toute occasion, son minimalisme et sa grande versatilité en font un partenaire à nul autre pareil. La preuves en images :

• Sortie du pantalon, la chemise col officier apporte instantanément une note d’irrévérence maîtrisée, idéale pour faire différemment sans en faire trop. Envie d’aller plus loin ? Osez un petit motif.

• Moins nonchalant mais tout aussi envoûtant, rien ne vous empêche de passer une chemise col officier sur un t-shirt clair et de la rentrer dans le pantalon. En l’entrouvrant un peu, beaucoup ou passionnément, vous pourrez jouer du contraste pour construire une silhouette pleine de panache, entre sérieux et hardiesse.

• À la discipline caractéristique de son passé militaire, pourquoi ne pas répondre avec l’insouciance tranquille d’un look Riviera ? Une chemise popover à col officier rentrée dans un pantalon à pinces en lin et coton, et le tour est joué. Avec les compliments du talentueux Mr. Ripley.

• Et en hiver ? Ne laissez surtout pas votre col officier au vestiaire ! Passez-le plutôt sur un col roulé fin, et laissez la magie opérer.

• Plus terre-à-terre mais non moins efficace, vous pouvez également arborer la chemise à col officier dans son habitat naturel, entourée d’un costume sobre qui lui laissera toute latitude pour s’exprimer. Dans ce cas là, veillez à laisser la cravate au vestiaire, et préparez-vous à récolter quelques compliments.

Et maintenant, c’est à vous de jouer. Rompez !