Rencontre avec Dominique Restino, président de la CCI de Paris

Rencontre avec Dominique Restino, président de la CCI de Paris

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À l’ombre de la Bourse de Paris, en plein cœur de la ville, se trouve un bâtiment sans air particulier dans lequel sont établis les bureaux de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris. Une institution officielle grâce à laquelle de nombreuses aventures entrepreneuriales se lancent et vivent. La “CCI”, comme le jargon d’affaire l’a baptisée il y a longtemps, est aujourd’hui présidée par Dominique Restino. Un homme aux gestes joyeux, au pedigree d’ingénieur commercial, un vrai autodidacte, “J’ai fait plein de petits boulots, et puis un jour je suis devenu consultant en intérim. Je vendais le boulot des gens. C’est comme ça que tout a commencé.” Ainsi, c’est comme ça que Dominique Restino s’est mis à porter des costumes.

 

Vous occupez aujourd’hui des fonctions officielles et vous avez également longtemps été chef d’entreprise, des positions qui nécessitent de porter le costume. Quel rapport entretenez-vous, justement avec ce vêtement-là ?

Le costume, ce n’est pas quelque chose qui tient de la simple représentation. Il s’agit plus d’une question de respect des autres. Depuis l’âge de 20 ans, je porte des vestes de costume. Quand j’étais plus jeune, cela me permettait d’avoir l’air sérieux, surtout quand il s’agissait d’embaucher des gens ou d’être au contact d’une certaine clientèle. Et puis, au fil de ma vie, c’est une base que j’ai agrémentée de différents éléments. Il m’est arrivé de porter des pantalons en flanelle avec une veste de costume. J’ai aussi porté des costumes trois pièces, je trouvais ça chic. À une autre époque, j’ai eu des costards croisés. Je n’avais pas encore 47 ans, je n’avais pas encore arrêté de fumer. Ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui, alors mieux vaut éviter cette version-là du costume, un peu trop saillante. En plus des costumes, j’ai aujourd’hui dans mon armoire un smoking. Je l’ai acheté pour la fois où je suis allé au Festival de Cannes !

 

 

 

Considérez-vous le port du costume comme une norme ?

J’ai bien conscience que les temps ont changé. Dans certains environnements professionnels, si l’on arrive en costume, on a très vite l’air bête. Il est préférable d’être en jean et en basket, comme dans les start-ups, par exemple. Ça, en tant qu’entrepreneur, je l’ai bien remarqué, oui. En revanche, chez les chefs d’entreprises à l’ancienne, les choses ne changent pas : la tradition du port du costume est bien ancrée. De mon côté, il m’arrive de ne pas toujours mettre de cravate. La cravate est moins demandée, c’est moins conventionnel. Cela dit, je suis toujours en costume. Parce que je suis à l’aise comme ça, mais aussi et surtout parce que c’est là mon bleu de travail.

 


Le costume, ce n’est pas quelque chose qui tient de la simple représentation. Il s’agit plus d’une question de respect des autres.

 

 

Le vêtement est-il quelque chose qui a compté dans votre famille ?

Je viens d’une famille d’immigrés, et j’ai grandi dans l’Aisne, dans une petite ville, même si on y trouve un château. Mon père a fait tous les métiers du monde, de maçon à tailleur. Il a dirigé pendant un temps une petite entreprise de textile, un atelier de confection où travaillait une douzaine de couturières. Lorsque j’étais gamin, j’y pliais des vêtements pour gagner un peu d’argent de poche. Des robes, des sous-pulls, des chemises… Disons que les fringues ont joué un rôle dans ma vie.

À quoi ressemblez-vous lorsque vous n’êtes pas en costume ?

J’aime porter des baskets et des jeans. J’ai toujours été un amateur de Kenzo, j’aime les matières souples, légères. À 16 ans, j’ai économisé pendant sept mois pour m’acheter mon premier pantalon Teddy Smith. C’était en 1978 et il était rouge. Dans les années 80, je me suis mis à porter des pantalons en cuir. Je sais que c’est assez ringard de nos jours, et j’espère sincèrement que c’est une mode qui va revenir. J’en ai encore un dans mes affaires, en cuir marron, une sorte de nubuck.