Notre atelier de confection de lunettes : le made in France chez Hast

Notre atelier de confection de lunettes : le made in France chez Hast

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Quatre heures du matin, un jeudi. L’équipe Hast se retrouve à la gare de Lyon à Paris afin de rendre visite à notre atelier lunetier. Quelques heures de train plus tard, voici la gare d’Oyonnax, petite bourgade de l’Ain, toute proche de la Suisse. Nous avons choisi une production locale et française pour concevoir notre première paire de lunettes. Une visite qui nous permettra de mieux comprendre l’histoire et les étapes de production de la lunette made in France, mais aussi de bien saisir les enjeux auxquels font face les industries françaises face à la relocalisation de la production. Une visite que nous avons filmée et que nous invitions donc à voir et à lire au sein de cet article.

 

Oyonnax, berceau de la lunetterie française

La vallée d’Oyonnax – ainsi que Morez, dans le Jura – est le berceau historique de la lunetterie française. Le travail de l’acétate commence avec une production de peignes, que les femmes du Grand Siècle utilisaient pour coiffer leur chevelure. Mais les évolutions stylistiques et les innovations rendent vite le peigne obsolète et les industries de la région se spécialisent alors dans la lunetterie qui se base sur le même travail de la matière. Avant les multiples vagues de délocalisations à la fin du 20ème siècle, de nombreuses entreprises travaillent donc la lunette. Mais nombre d’entre elles subissent la pression à la baisse des coûts et doivent faire face à la fabrication chinoise. Certains ateliers, comme celui avec lequel nous avons choisi de travailler, croient à un retour du made in France, qui n’est pourtant pas sans difficulté. Les années pro-délocalisation sont difficiles, notamment car nombres de marques refusent de payer des productions plus chères… Les usines sont alors délaissées et souffrent d’un manque de commandes. Heureusement, la période actuelle est celle d’un retour à la valorisation d’un travail de qualité, bien fait, local, et récompensant ceux qui ont cru malgré tout, à la pertinence d’une production à la française. C’est le cas de notre atelier qui a récemment obtenu le label EPV, entreprise du patrimoine vivant, qui distingue les entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence.

 

De nouvelles problématiques

Les consommateurs, de plus en plus attentifs aux conditions de production des pièces qu’ils achètent, militent pour un retour à une production locale, européenne et française. C'est évidemment une heureuse nouvelle pour l’industrie hexagonale ! Mais ramener la production en France n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. D’abord en termes de coûts, car la production française est forcément victime des avantages comparatifs d’autres pays en termes, notamment, de coût du travail. Ensuite car la hausse de la demande entraine une saturation des chaînes de production d’entreprises à taille humaine comme notre atelier. Rares sont les ateliers à avoir protégé leur savoir-faire, et il est parfois complexe de recruter du personnel qualifié sur certains type de postes. Le made in France fait donc face à un réel enjeu quant à la formation, et à l’attractivité des métiers du textile et de l’artisanat. Saturation des plannings et difficultés à embaucher sont deux problématiques majeures des usines de production, notamment dans le secteur de la lunette. Face à la hausse prévue de la demande – encore accentuée par la crise du Covid – certains ateliers vont devoir investir largement pour moderniser et agrandir leurs chaînes de production. C’est le cas de notre atelier, dont le gérant a décidé de produire des machines sur-mesure afin de diminuer la pénibilité de certaines tâches manuelles. La formation des employés sur plusieurs postes en simultané permet aussi d’éviter la monotonie du travail et de responsabiliser les travailleurs, qui deviennent ainsi de plus en plus experts en lunetterie. Ceux-ci pourront plus tard faire eux-mêmes acte de formation. Certains postes en effet nécessitent plus d’un an d'apprentissage, avant de pouvoir travailler en autonomie.

 

La question de l’écologie

L’intérêt d’une production française est aussi l’assurance de travailler avec des acteurs conscients des réalités. En plus de récupérer et de faire recycler toute la matière non utilisée, notre atelier a à cœur de garder son lieu de production le plus central possible pour faciliter l’accès à vélo ou à pied. Pour ceux qui devraient se déplacer en voiture, tout le parc automobile de l’entreprise est électrique et des bornes sont mises à disposition des employés devant l’usine.

 

Le made in France ne peut donc que passer par un travail collectif et de confiance, entre des marques faisant le choix de produire le plus localement possible, et des ateliers, qui redoublent d’efforts pour revaloriser leurs savoir-faire uniques. C’est le choix que nous avons fait pour nos premières lunettes !

 

Trois paires de lunettes de soleil françaises donc, une paire à écailles grises, une paire à écailles marron et une paire noire. Les montures sont en acétate italien et les verres disposent d'une protection solaire de catégorie 3. Les rivets sont montés de manière artisanale à la main. Des modèles haut-de-gamme, touche finale d'un look d'été impeccable.

 

 

 

 

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